NIVEAU : lycée (1ère Enseignement Scientifique)

SCÉNARIO PÉDAGOGIQUE :

Bien qu’aucun sondage officiel n’ait été réalisé, il semble évident qu’une grande partie des élèves utilisent l’intelligence artificielle pour préparer le grand oral. L’enseignement scientifique en première, par son interdisciplinarité et les enjeux généraux pour la formation de citoyens éclairés dans le contemporain proposés au BO, constitue une bonne occasion de commencer à préparer le grand oral. Ainsi, il semble judicieux de former les élèves à l’utilisation d’un outil (l’intelligence artificielle) qui peut à la fois être d’une aide précieuse, mais également un piège, au travers d’une séance d’échange avec l’IA ChatGPT puis lors de la comparaison d’une évaluation par les pairs et par l’IA. C'est alors l’occasion d’orienter la discussion, en classe entière puis via un débat mouvant, vers l’éthique de l’utilisation de cet outil, permettant ainsi de développer l’esprit critique et les capacités argumentatives.

L’objectif disciplinaire de cette séquence est la réalisation d’un stop motion sur différents thèmes liés à la membrane plasmique des cellules, stop motion enrichi d’un discours oral rédigé avec l’aide de l’intelligence artificielle.

À noter que l’autorisation du chef d’établissement ainsi que des familles des élèves ont été recueillies afin de réaliser ce projet, selon le cadre fixé par le RGPD. À noter également que le lycée souscrit à Google Education : le cadre RGPD est donc respecté lors du recueil des sondages google form.

PHOTO(S) QUI ACCOMPAGNE(NT) L’ARTICLE :

THÈME DE PROGRAMME : thème 1 – Une longue histoire de la matière / 1.3 – Une structure complexe : la cellule vivante

NOTION DU PROGRAMME :

La cellule, unité fondamentale du vivant, est un milieu réactionnel aqueux séparé de l’extérieur par la membrane plasmique. Relier l’échelle de la cellule, de ses organites et des molécules qui la constituent. Mettre en évidence des échanges au travers de la membrane plasmique. Discuter du statut des virus : vivants ou non-vivants. Des toxiques cellulaires présents dans l’environnement.

TEMPS À CONSACRER : 3 séances de 55 minutes

MATÉRIEL NÉCESSAIRE :

• Séance 1 : pâte à modeler / téléphone des élèves avec stop motion studio ;
• Séance 2 : ordinateur équipé d’une connexion internet par binôme, enregistreur audio du téléphone des élèves ;
• Séance 3 : curseurs d’évaluation par les pairs, une grande salle avec un espace sans chaises / tables si possible

FICHE ÉLÈVE + FICHE CORRECTION :

Inventaire des ressources disponibles

Cette séquence présente à la fois des objectifs disciplinaires et des objectifs en lien avec l’intelligence artificielle : les documents en lien avec ce deuxième objectif sont surlignés en jaune.

CONCLUSION SUR L’ACTIVITÉ (points forts, points à améliorer, idées pour le futur) :

Retours des élèves (pour chaque question, gradation de la réponse de 1 « pas du tout » à 4 « totalement »)  - 79 répondants :

Points forts de cette séquence pédagogique :

Au vu des retours des élèves (majorité d’élèves intéressés par la séquence, très grande majorité qui estime qu’il est important de traiter les enjeux contemporains en classe), des problématiques auxquelles sont confrontées les équipes éducatives en lien avec l’IA, il semble important de pérenniser cette séquence. De plus, on constate sur le sondage final qu’une grande partie des élèves comptent utiliser l’IA dans le cadre de la préparation d’examens oraux, soulignant l'importance à ce qu’ils aient été formés et aient acquis un minimum d’esprit critique par rapport à l’utilisation de l’outil.

Globalement, les élèves se sont investis dans la séquence, les productions rendues sont de qualité et les échanges ont été intéressants. Plus de la moitié des élèves estiment que la séquence a été une aide pour mieux cerner les enjeux éthiques liés à l’utilisation de l’IA : l’objectif de la séquence est donc atteint.

La séquence est plutôt ludique, interactive, alterne de manière fluide entre les enjeux disciplinaires et ceux liés à l’éthique de l’utilisation de l’IA.

Points à améliorer :

46 % des élèves répondent qu’ils ne cernent pas particulièrement mieux les enjeux éthiques liés à l’utilisation de l’IA ; on peut se demander s’il s’agit d’élèves pour qui ces enjeux étaient clairs dès le début de la séquence, ou bien s’il s’agit d’élèves qui n’appréhendent toujours pas bien le concept d’éthique, et qui auraient par exemple souhaité une réponse claire, peut-être dichotomique, sur l’éthique de l’utilisation de l’IA. Il est probable qu’il s’agisse d’un mélange de ces deux types d’élèves. Ainsi, on pourrait proposer :

• D’identifier plus clairement les élèves maîtrisant déjà les enjeux éthiques liés à l’IA dans le sondage préparatoire (élèves connaissant la notion de prompt, questions ouvertes sur l’éthique). La séquence pourrait alors être différenciée pour ces élèves : les séances 2 et 3 pourraient consister en un jeu de rôle de type débat télévisé sur les notions abordées avec les autres élèves par exemple ;
• Un projet en partenariat avec le CDI et/ou un professeur de philosophie pour travailler les notions d’éthique pour les élèves ayant du mal à cerner ces concepts.

Les IA n’étant actuellement pas capables de faire un retour sur la qualité du discours oral des élèves (elles analysent uniquement les transcriptions, et discriminent très mal les micro-compétences différentes, telles que syntaxe vs qualité du récit), la comparaison de l’évaluation de l’IA par rapport à l’évaluation par les pairs a peu d'intérêt, hormis celui de mettre en évidence l’une des limites actuelles de l’IA. Cette partie pourrait donc être remplacée par une démonstration magistrale de cette limite.

L’évaluation du discours oral des élèves, à partir d’un texte corrigé et amélioré par l’IA, est également plutôt difficile. Les élèves n’ont pas le temps de s’approprier le discours corrigé par l’IA et donc la syntaxe et le corps du discours qu’ils prononcent. L’évaluation de la compétence orale a donc finalement peu de sens ; cet exercice peut simplement constituer un entraînement ou bien une évaluation formative par les pairs notamment.

De même, l’évaluation de l’esprit critique des élèves sur la base des échanges réalisés avec l’IA est limitée ; il semble plus pertinent d’écarter l’évaluation sommative dans ce contexte, et de la reporter sur un devoir sur table proposant un questionnement sur des enjeux similaires.


Chloé Deplaude