Comprendre l’origine des stéréotypes de genre véhiculés sur les réseaux sociaux et leurs conséquences sur la construction de l’identité de genre.

Comprendre l’origine des stéréotypes de genre véhiculés sur les réseaux sociaux et leurs conséquences sur la construction de l’identité de genre.

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  • AUTEURS : Marie MATT (Lycée Stendhal, Grenoble) et Emilie MORIN (Collège Marcel Mariotte, Saint Simeon-de-Bressieux) 

  • NIVEAU : Collège et lycée (le niveau seconde est le plus adapté.)

  • SCÉNARIO PÉDAGOGIQUE : 

Le travail peut s’organiser sur une ou deux séances de 1 heure 30. Nous l’avons testé sur deux séances en quatrième et sur une séance de TP en seconde.

S’inscrivant pleinement dans le programme de seconde, la séance peut être proposée en introduction ou en fin du thème « Procréation et sexualité humaine ». Nous avons testé ces deux possibilités, en début ou en fin de thème, afin d’évaluer l’apport des connaissances dans les résultats obtenus lorsque la séance est proposée en fin de thème, en comparaison de ceux obtenus lorsque la séance est proposée en début de thème.

1 semaine avant la séance : le professeur demande aux élèves de collecter des captures d’écrans de publications populaires, c’est-à-dire ayant fait de nombreuses vues (nombre subjectif volontairement non borné), issues d’un réseau social, TikTok, Instagram ou YouTube (en étant connecté le cas échéant) et contenant au moins une personne, bien visible sur le contenu sélectionné.

  • En collège : activer le dépôt de copies dans les devoirs à faire dans Pronote ou créer un dossier de dépôt via l’ENT.
  • En lycée : les élèves seront autorisés à utiliser leurs téléphones pendant la séance. Ils prévoient des captures ou épinglent le contenu sélectionné.

 

Aucune mention dans la consigne n’utilise les termes « stéréotypes », « égalité », etc. La consigne se veut la plus neutre possible afin d’éviter les biais.

 

  • Séance de TP en seconde « Stéréotypes et construction de l’identité de genre »

Temps 1, collectif : 25 minutes

Pour démarrer la séance, les ressources proposées, lues collectivement, permettent de :

  • Définir les notions de stéréotype et de stéréotype de genre. On pourra faire appel à de nombreux exemples et rappeler que les stéréotypes de genre sont variables dans l’espace et dans le temps. 1
  • Présenter le PageRank, comme exemple d’algorithme d’intelligence artificielle à l’origine des suggestions de contenu qui sont faites aux utilisateurs de réseaux sociaux.

: Exemple d’évolution dans le temps : l'attribution du rose pour les filles et du bleu pour les garçons ne date que des années 1900, après 700 ans de tradition chrétienne où le bleu était associé à la Vierge Marie et donc à la féminité alors que le rose symbolisait la virilité par évocation du sang et de la guerre.

Exemple d’évolution dans l’espace : les Bugis sont un peuple indonésien qui reconnaissent cinq genres : l'homme (oroané), la femme (makkunrai), le bissu (un troisième genre qui combine les caractéristiques des deux premiers), le calabai (un homme qui se considère comme une femme) et le calalai (une femme qui se considère comme un homme).

Le travail qui suit permet de vérifier si les élèves ont bien compris la notion de stéréotype de genre. Il s’agit d’identifier les principaux stéréotypes associés aux hommes et aux femmes à travers quelques exemples choisis et fournis dans un tableau.

Temps 2 : par binôme : 20 minutes

Les élèves analysent les contenus qu’ils ont sélectionnés par binôme en remplissant un fichier tableur qui est conçu pour l’analyse de leurs publications. Ils le renomment et l’enregistrent dans un espace classe auquel le professeur a accès.

Temps 3 : par binôme : 6 minutes de visualisation de vidéo + 30 minutes de travail de rédaction.

Après le visionnage de la séquence vidéo de 6 minutes Stéréotypes de genre qui interroge l’ancrage des stéréotypes dans la société, les élèves répondent par écrit aux questions de l’activité. Le temps de visionnage permet au professeur de récupérer les données des fichiers tableurs des élèves pour les intégrer dans un nouveau fichier de présentation des résultats à la classe.

Le questionnement et l’analyse des résultats d’analyse obtenus par la classe permettent de prendre conscience de l’omniprésence des stéréotypes de genre dans les contenus qui circulent, mais aussi de comprendre l’importance du Page Rank responsable de la mise en avant de contenus genrés voire caricaturaux dans le fil proposé aux utilisateurs des réseaux sociaux.

  • 2 séances en collège :

Au collège, le choix a été fait de réaliser ce travail sur 2 séances.

Lors d’une première séance, les élèves analysent les images collectées dans le tableur après le temps de présentation permettant de définir la notion de stéréotype et plus particulièrement celle de stéréotype de genre et d’expliquer à quoi correspond l’algorithme PAGE RANK.

En collège les images envoyées au préalable sont soit ouvertes sur les ordinateurs/tablettes soit imprimées afin d’être analysées dans le tableur par les élèves.

La projection de la vidéo : qu’est-ce qu’un stéréotype donne lieu à une discussion ouverte autour de ce thème.

Sur une deuxième séance, le professeur présente les résultats d’analyse des données collectées. Des discussions et un bilan s’en suivent.

 

  • THÈME DE PROGRAMME : Le Corps humain et la santé

- Cycle 4, en lien avec le troisième objectif de développement durable défini par les Nations unies « Bonne santé et bien-être » // Égalité Filles Garçon : déconstruire les stéréotypes pour lutter contre les discriminations et construire l'égalité.

- Au lycée, la séance s’inscrit dans le programme de Seconde « Procréation et sexualité humaine, cerveau plaisir et sexualité » mais elle peut être proposée à d’autres niveaux et s’inscrire dans un cadre plus large de l’éducation à la citoyenneté dans l’établissement, en partenariat avec la vie scolaire et les autres disciplines.

 

  • NOTION DU PROGRAMME :

Connaissances : Les facteurs affectifs et cognitifs ainsi que le contexte culturel ont une influence majeure sur le comportement sexuel humain.

Capacités : Différencier, à partir de la confrontation de données biologiques et de représentations sociales, ce qui relève : • de l’identité sexuelle, des rôles en tant qu’individus sexués et de leurs stéréotypes dans la société, qui relèvent de l’espace social ; • de l’orientation sexuelle qui relève de l’intimité des personnes.

Il est précisé dans les programmes que les composantes psycho-affective et sociale de la sexualité sont abordées.

  • TEMPS À CONSACRER : 1 à 2 séances de 1 heure 30

 

  • MATÉRIEL NÉCESSAIRE : 1 Ordinateur avec logiciel type tableur par binôme. Possible également avec Ipad et Numbers, à voir comment manipuler le tableau pour les résultats.

 

  • FICHE ÉLÈVE + FICHE CORRECTION : voir fiches élève et corrigés au bas de l'article

 

  • ÉTAYAGE PÉDAGOGIQUE :

Ce travail nécessite de nombreuses interactions à l’oral entre les élèves et le professeur pour faciliter les échanges et une réflexion commune.

  • Une co-animation avec l’infirmière/infirmier scolaire, un ou une collègue CPE, ou professeure/professeur documentaliste est un vrai plus lorsqu’elle est possible. Cela facilitera grandement les nombreux étayages personnalisés qui se font à l’oral. La personne référente à l’égalité filles garçons, lorsqu’elle est identifiée dans l’établissement, peut être également sollicitée.

Le tableau au verso de la fiche TP, rempli collectivement, sert de support et d’aide à l’identification des différents stéréotypes de genre. On pourra le compléter et mettre en avant les particularités qui appellent des stéréotypes de genre (les femmes sont davantage mises en scène à l’intérieur, les hommes à l’extérieur). Les femmes apparaissent souvent sexualisées (maquillées, partiellement dénudées) et les hommes dans des situations où ils repoussent des limites (dans le sport, vitesse, environnements extrêmes) par exemple.

Les deux fichiers tableurs (voir fichiers en bas de l'article), le premier en support du travail d’analyse de contenu par les élèves, le deuxième à destination du professeur, sont mis à disposition avec la fiche TP ainsi que le fichier de synthèse (voir au bas de l'article) qui présente les résultats obtenus avec 2 classes de seconde. 

Un tutoriel intitulé « Aide à la manipulation des fichiers tableurs  » voir au bas de l'article est accessible pour accompagner le professeur dans la manipulation des fichiers et des données sous Excel. L’utilisation de tableaux croisés dynamiques permet d’afficher les résultats de la classe en quelques minutes en choisissant les données présentées.

 

CONCLUSION SUR L’ACTIVITÉ  :

Cette activité prend appui sur le rapport du haut conseil pour l’égalité entre les femmes et les hommes, publié le 7 novembre 2023. Le rapport a notamment permis la construction de la grille d’analyse de contenu. Sa lecture a été une aide précieuse.

L’utilisation de la vidéo de la chaîne YouTube SoPsy « Stéréotypes de genre », proposée initialement pour occuper les élèves durant le travail de manipulation des fichiers tableurs par le professeur s’est révélée être un vrai plus pour la séance.

Le choix des supports et la construction du TP résultent d’un travail réalisé avec la CPE du lycée Stendhal, Sandrine MENDUNI, également formatrice académique « égalité ». Un grand merci à elle pour ses conseils et son accompagnement sur les séances !

 

 Point fort :

  • Activité très engageante pour les élèves, qu’ils réalisent avec enthousiasme et qui les interpelle dans leurs usages quotidiens.
    . Au collège, leur demander des captures d’écran de leurs réseaux sociaux les a beaucoup surpris.

. Au lycée, la semaine suivant le TP, des témoignages d’élèves ayant volontairement réagi sur des publications pour voir apparaître davantage de contenu dans un domaine choisi (surf, ski…) prouvent que les élèves ont compris l’influence des algorithmes d’intelligence artificielle dans la proposition de contenu. Ils ont été surpris de constater à quel point il devient facile de « jouer » avec ces algorithmes.

  • Les stéréotypes sont très ancrés dans notre société, tant chez les élèves que chez les adultes, et nous en sommes plus ou moins conscients, ce que nous avons vécu sur ces séances le prouve. Nous interroger ensemble sur ces constructions pour nous en détacher, en questionnant nos usages et notre temps d’écran, est bénéfique à tous pour avancer.

Obstacles :

  • Un certain nombre d’élèves en cycle 4 ne sont pas équipés ou n’ont pas d’accès aux réseaux (majorité numérique à 15 ans respectée, pas d’accord parental). Cependant, il faut bien préciser que les élèves peuvent soit :

. Analyser des images choisies par le professeur

. Aller sur des réseaux sans être connectés et collecter des images selon la consigne. 

 

  • L’exercice d’identification des stéréotypes est difficile et peut mener à des débats animés entre les élèves qu’il est important de nourrir avec critères bien identifiés au préalable. Les échanges sont riches et mettent en lumière néanmoins l’ancrage des stéréotypes de genre dans les esprits, conscients ou non. En effet, certains stéréotypes sont tellement ancrés que certains ne les voient pas.

Par exemple, la vidéo d’un jeune skieur hors-piste, effectuant l’exercice avec élégance, n’appelle pas forcément de stéréotype à première vue. Si on considère que l’un des critères permettant d’identifier un stéréotype masculin est le dépassement des limites voire des règles sans se soucier du danger, on comprend qu’une telle publication renvoie bien à des stéréotypes de genre et qu’elle alimente les injonctions au virilisme véhiculées par les réseaux.

 

  • Au lycée, les réseaux sociaux renvoient à la sphère privée pour certains élèves qui sollicitent de fait bien moins qu’à leur habitude le professeur ou les adultes en général.

La première version de la séance prévoyait une mise en activité des élèves par binôme plus rapide, sans avoir analysé préalablement quelques exemples en commun, mais s’appuyant sur l’autonomie des élèves, aidés par une fiche ressource présentant des photos des grandes catégories de stéréotypes. C’est cette version qui a été testée au lycée cette année et les résultats obtenus nous ont questionnés quant à la qualité du travail d’analyse de certains binômes : très rapides pour renseigner les grilles, sans solliciter le professeur ou les autres adultes, le pourcentage des publications « stéréotypées » nous est apparu étonnement élevé, que les élèves aient déjà traité la partie sur la procréation et la sexualité humaine du programme ou pas. Deux interprétations possibles : les élèves sont effectivement particulièrement alertes et savent reconnaître l’omniprésence des stéréotypes dans les publications, sans aide. Ou bien, gênés pour avouer que l’exercice est difficile, préférant ne pas partager le contenu sélectionné sur leurs réseaux, ils orientent leurs réponses pour identifier des stéréotypes de genre, ayant compris qu’ils étaient nombreux. Nous avons probablement parmi nos élèves des jeunes alertes sur le sujet, mais aussi d’autres un peu perdus et n’osant pas l’avouer dans ce domaine.

Afin de renforcer la qualité du travail d’analyse par les élèves, la séance a été repensée, mais il faut garder à l’esprit ce point et avoir conscience que l’analyse peut être suggestive.

On relèvera néanmoins que les résultats analysés pour deux classes de seconde révèlent des ordres de grandeur comparables à ceux présentés dans le rapport du haut conseil pour l’égalité entre les hommes et les femmes. Bien qu’ayant probablement surévalué la part de contenu stéréotypé pour les raisons évoquées plus haut, nos élèves ont retrouvé les stéréotypes du sportif (plus d’1 sur 5) et de l’humoriste (plus d’un sur 6) chez les hommes, ainsi que ceux de la séductrice (environ 1 sur 3) et de la poupée (environ 1 sur 5) pour les femmes.

 Idées pour le futur

Tester la nouvelle version proposée ici qui intègre un travail préalable de formation à l’identification des stéréotypes de genre afin de comparer les résultats obtenus avec ceux de cette année.

S’emparer du jeu C’est cliché , jeu de plateau coopératif du réseau Canopé, qui permet de sensibiliser les élèves aux stéréotypes de genre et les amène à se questionner également sur la différence et les discriminations en général (collège).

Au collège : organiser des séances supplémentaires en prenant comme support la BD numérique « Lookado »

https://www.reseau-canope.fr/fileadmin/user_upload/Projets/Plan_egalite_filles-garcons/egaux_sans_ego/EgauxSansEgo_FA_LookAdo.pdf

https://cache.media.eduscol.education.fr/file/couv_synthese_sante_sociale_2009-2011/58/7/Modules_d_activites_5_guideEAS_janv2017_751587.pdf

 

Fiche élève et correction de l'activité niveau lycée
Fiche élève et correction de l'activité niveau collège